
Le site Internet de Hip-oSelect, division réédition de la major du disque Universal Music prévient d'emblée, Hello World : The Motown solo collection, coffret de trois CD consacré aux premiers enregistrements de Michael Jackson, n'est pas une opération opportuniste après la mort du chanteur américain le 25 juin. De fait, cette réédition soigneusement présentée avait été annoncée depuis plusieurs mois.
C'est en octobre 1971 qu'est publié Got To Be There, premier 45-tours de Michael Jackson en solo. Il est alors âgé de 13 ans et fait partie des Jackson Five depuis 1963. Motown, la maison de disque de Detroit qui façonne des tubes à la chaîne pour les artistes soul (Marvin Gaye, Stevie Wonder, Diana Ross avec et sans les Supremes, les Four Tops, les Temptations, Smokey Robinson...) a décidé que celui qui attirait tous les regards au sein de la fratrie devait être valorisé.
Got To Be There est un joli succès. Berry Gordy, l'autoritaire patron de Motown, met ses équipes au travail et applique ses méthodes habituelles : une armada de compositeurs et producteurs écrivent pour l'adolescent, auxquels s'ajoutent quelques reprises de titres éprouvés du catalogue. Hello World... rassemble les près de soixante-quinze chansons que Michael Jackson enregistre comme artiste solo jusqu'en 1975 - la famille quitte alors Motown -, tout en continuant de briller au sein des Jackson Five. Elles constituent la matière de quatre albums et serviront à deux autres publiés en 1984, alors que le chanteur s'empare du monde avec Thriller.
Premier constat, la voix de Michael Jackson est de bout en bout d'une d'une exactitude de timbre, d'une justesse étonnante. Cristalline, plus vraiment enfantine, à certains moments - c'en est troublant - presque identique à celle de Diana Ross, capable de faire passer une émotion réelle sur les ballades et d'être "propulsante" dans les tempos rapides. L'enfant prodige, comme Stevie Wonder, est aussi éminemment musicien.
Des violons, des choeurs sont convoqués, avec plus ou moins de crème dans les arrangements. Les révolutions qui ont secoué Motown, le psychédélisme, le funk, affleurent par endroits, sans avoir l'aspect plus aventureux de Wonder ou de Marvin Gaye. Et Michael Jackson est à l'aise partout, même si on lui fait chanter des romances d'adultes qui ne sont pas de son âge. En cinq ans, sa voix prendra du grain, du velouté. Il restera à Quincy Jones, en 1979, à l'habiller de manière plus somptueuse, plus riche, pour Off The Wall. Depuis sa mort, l'ensemble des disques de Michael Jacskon s'est vendu à 4 millions d'exemplaires aux Etats-Unis. Ces années Motown devraient encore augmenter ce résultat.
Sylvain Siclier pour Le Monde
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